La véritable "maladie mortelle"

Publié le 3 Septembre 2018

« Je suis allé dans les bois parce que je voulais vivre délibérément, affronter les faits essentiels de la vie, et voir si je ne pouvais pas savoir ce qu'elle avait à enseigner au lieu de découvrir, quand je suis sur le point de mourir, que je n'avais pas vécu. Je ne voulais pas vivre ce qui n'était pas la vie, la vie est si précieuse ; je ne voulais pas non plus pratiquer la résignation, à moins que ce ne fût nécessaire. »

(Henry David Thoreau)

 

Cette citation de Henry David Thoreau est mentionnée dans le film « Le cercle des poètes disparus » et en est même le thème principal. S’il y a une leçon qu’il faut retenir de ce film, c’est celle-ci : pour quelqu’un qui a une vocation, y renoncer est pire que la mort. Ne pas vivre sa vocation, cela signifie renoncer à soi-même, se perdre soi-même, et vivre l’enfer sur Terre. Vivre la vie de quelqu’un d’autre, c’est l’enfer. Car quand nous vivons la vie de quelqu’un d’autre, nous sommes déconnectées de la source de sens à notre vie. Nous sommes des zombies, notre âme est dans la mort, mais notre corps vit encore.

 

« Le désespoir est la maladie mortelle, car loin qu’à proprement parler on en meure ou que ce mal finisse avec la mort physique, sa torture au contraire, c’est de ne pouvoir mourir » (Soeren Kierkegaard, La malade à la mort)

 

Kierkegaard a décrit la véritable « maladie mortelle » dans son livre « La maladie à la mort ». Pour celui qui croit à la vie après la mort, alors ce qui conduit à la mort physique n’est pas la maladie mortelle. Ce qui conduit à la mort, ce sont les maladies de l’âme notamment celles dues à confrontation à la question suivante : être ou ne pas être soi-même. Kierkegaard dit que cette maladie mortelle est le désespoir.

 

L’homme qui renonce à sa vocation, qui vit la vie de quelqu’un d’autre, qui renonce à être lui-même souffre de la véritable « maladie mortelle » c’est-à-dire le désespoir. Et pour ceux qui sont conscient de ce désespoir, la mort physique peut paraître préférable à la peine insupportable causée par le désespoir. On peut préférer mourir que de ne pas être soi-même.

 

L’homme qui se suicide dans ces conditions n’est pas plus malade que la plupart des gens qui ne vivent pas leur vocation, il est juste davantage conscient de sa maladie, et parce qu’il en est conscient, il souffre terriblement. Les autres malades qui n’en ont pas conscience peuvent avoir parfaitement l’impression d’être heureux et de ne pas souffrir. Mais ils sont dans l’illusion et sont encore plus malades. Car la vraie vie, c’est de répondre à l’appel de notre âme et vivre sans y avoir répondu c’est ne pas faire ce pour quoi nous sommes là. C’est donc gâcher le don précieux de la vie.

 

Il y a beaucoup de « consommateurs de la vie » qui vivent dans l’hédonisme ou la poursuite de la réussite sociale. Se faisant, ils tuent leur « moi » mais ils ne le savent pas.

 

« Le plus grand danger, la perte de soi, peut se produire ici-bas, sans le moindre bruit, comme si ce n'était rien. Aucune autre perte ne saurait être aussi discrète ; tout autre perte - celle d'un bras, d'une jambe, de cinq sous, d'une épouse - se remarque à coup sûr. »

(Soeren Kierkegaard, La malade à la mort)

 

Le psychiatre Carl Jung parle des cas d’individuation négative qui se produisent quand un individu n’est pas conscient de son individuation ou lutte contre. C’est dans ces conditions qu’il va connaître de nombreuses épreuves dans sa vie, car on ne peut pas échapper à son individuation, autrement dit, on ne peut pas ne pas répondre à notre appel.

 

« Tout ce qui ne vient pas à la conscience... Ce qu'on ne veut pas savoir de soi-même... Ce que nous évitons de reconnaître en nous-mêmes, nous le rencontrons plus tard sous la forme du destin. »

(C.J. Jung)

 

Cet article est un pressant appel à tous ceux qui se sont senti un jour appelés et qui n’ont pas répondu à cet appel. Vous pouvez en être certains, vous ne pourrez pas y échapper. Un jour que ce soit par des épreuves ou une dépression, vous serez contraints de vous y confronter. Je crois même que c’est là le principal rôle de la dépression, quand celle-ci n’est pas causée par des facteurs organiques, de nous forcer de nous confronter aux questions que nous avons lâchement enterrées. Mieux faire consciemment le plongeon de l’individuation que de vivre la maladie mortelle ou l’enfer sur Terre.

Rédigé par L'utopique romantique

Publié dans #Être ou ne pas être

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