Colère, désespoir, suffocation et volonté

Publié le 21 Février 2019

« J'aime celui dont l'âme est profonde, même dans la blessure, celui qu'une petite aventure peut faire périr : car ainsi, sans hésitation, il passera le pont. »

- Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

« Je ne parle pas aux faibles : ils veulent obéir et se précipitent partout dans l’esclavage. Face à la nature impitoyable, nous ne laissons pas de nous éprouver aussi nous-mêmes comme nature impitoyable ! – Mais j’ai trouvé la force là où on ne la cherche pas, chez des gens simples, doux et affables, sans la moindre inclinaison à dominer – et inversement, l’inclinaison à dominer m’est souvent apparue comme un signe interne de faiblesse ; ils redoutent leur âme d’esclave et la drapent dans un manteau royal (ils finissent pourtant par devenir les esclaves de leurs disciples, de leur renommée, etc.). Les natures puissantes dominent, c’est une nécessité, elles ne remueront pas le petit doigt. Et même si elles s’enterrent toute leur vie dans un pavillon au fond du jardin ! »

- Friedrich Nietzsche, Fragment de 1880

Je suis en colère parce que certaines caractéristiques humaines sont aujourd'hui rejetées, méprisées voire violemment réprimées, en particulier dans le monde du travail. Ces caractéristiques sont la sensibilité, l'imagination, l'idéalisme, la douceur, l'humilité, la franchise, l'authenticité. Nous sommes dans un monde qui produit des narcissiques, des prétentieux, des agressifs, des égoïstes, des conformistes, des personnes étroites d'esprits, froides, insensibles, avec des sourires faux et superficiels, ces sourires qui masquent la réalité du monde et tout ce qu'il contient de "sombre" mais qui ne l'est que parce que nous ne l'acceptons pas. Or, ce qu'il y a de sombre, la tristesse, le désespoir, la honte, la culpabilité, l'immense difficulté à vivre en accord avec ses valeurs, le sentiment d'échec continuent d'exister dans l'ombre et de nous influencer. Si nous les embrassions au lieu de les rejeter, si nous osions nous montrer entièrement sans masque et sans fard, alors nous pourrions avoir de vraies relations, profondes les uns avec les autres et nous n'aurions plus la sensation d'être un zombie parmi les zombies, nous nous sentirions vivants et connectés les uns aux autres.

Pourquoi personne ne dit ces vérités ? Pourquoi tout le monde s’adapte ? Nous nous soumettons à la norme pour ne pas être exclus de la société et pour survivre. Mais pourquoi survivre si cela veut dire ne pas être soi-même et donc perdre sa propre vie en vivant celle de quelqu'un d’autre ? Quel intérêt ? Si nous ne disons pas ce qu’il y a dans notre cœur et dans nos pensées, alors nous enfouissons ce que nous sommes dans la terre, nous nous tuons nous-mêmes car nous tuons ce qu’il y a d’authentique et de vrai en nous. En jouant un rôle, en vivant de façon superficielle, nous ne vivons pas, nous sommes exilés de nous-mêmes et bien souvent sans nous en rendre compte. Mais pour ceux d’entre nous qui s’en rendent compte, c’est un déchirement insupportable. La colère de ne pas pouvoir être nous-mêmes nous envahit. Et si nous utilisions cette colère pour construire quelque chose au lieu de la laisser nous détruire à petits feux ?

Rédigé par L'utopique romantique

Publié dans #Indépendance d'esprit

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